Tunis,11 juin (TAP)-Les participants au colloque organisé par l'ambassade de Pologne à Tunis, sous la thématique « Lutter contre la désinformation : menaces, stratégies et bonnes pratiques », ont souligné qu'une riposte efficace aux différentes menaces liées aux fausses nouvelles exige une coopération étroite entre les pays de l'Union européenne et leurs partenaires.
Lors de cette rencontre réunissant des ambassadeurs de l'UE à Tunis et plusieurs experts tunisiens et étrangers en communication et médias, l'ambassadrice de Pologne en Tunisie, Justyna Doraczyńska, a indiqué, que la prolifération de la désinformation constitue désormais une menace majeure pour de nombreux pays, y compris ceux de l'Union européenne. Elle a insisté sur l'urgence de trouver des solutions efficaces pour « juguler l'hémorragie » de ces fausses informations et mettre en place des mécanismes capables d'en limiter la propagation.
Elle a souligné que la lutte contre ces contenus, qui portent atteinte à la démocratie et à la stabilité de nombreuses sociétés à travers le monde, passe par l'éducation des jeunes, la sensibilisation du public à ces dangers et le renforcement des compétences des médias afin qu'ils puissent distinguer l'information vérifiée de la rumeur.
De son côté, l'ambassadeur de l'Union européenne en Tunisie, Giuseppe Peroni, a affirmé que « tous les États doivent s'unir pour contrer les usages abusifs de l'information et la diffusion de fausses nouvelles à des fins purement politiques ». Il a expliqué que l'UE s'est dotée d'un ensemble de mécanismes destinés à combattre la désinformation afin de préserver la stabilité de ses membres et de leurs partenaires. Ces outils incluent des programmes de soutien au journalisme et aux médias indépendants, l'adoption de cadres législatifs visant à vérifier les informations circulant dans l'espace public ainsi que des instruments diplomatiques visant à freiner la propagation des infox.
L'UE, a-t-il ajouté, travaille actuellement avec ses partenaires pour mettre à jour ces dispositifs devant permettre de suivre l'évolution des sources de fausses nouvelles et des canaux de leur diffusion. Il a exprimé des inquiétudes croissantes quant à l'usage de l'intelligence artificielle dans la « guerre contre la désinformation », à la vitesse de propagation des contenus trompeurs et à leurs répercussions sur les sociétés.
L'universitaire Karim Bouzouita, spécialiste de la communication et de la désinformation, a souligné que « la désinformation structure désormais nos sociétés et l'imaginaire collectif », surtout depuis que la presse, autrefois « chien de garde » chargé de filtrer le vrai du faux, a vu son rôle s'effriter. Les fausses nouvelles, a-t-il poursuivi, se sont amplifiées avec l'apparition d'entreprises spécialisées dans la production d'infox, citant le réseau social Facebook qui aurait racheté une société experte en désinformation et espionnage numérique dans le seul but de propager de fausses informations sur la ville de Gaza.
Pour lui, la solution réside dans l'introduction, au même titre que les autres disciplines, d'un enseignement dédié à l'« éducation aux médias et à l'information » afin d'aiguiser l'esprit critique des jeunes, assorti d'une réduction, voire d'une interdiction, de leur accès aux réseaux sociaux où pullulent les contenus trompeurs.
YOSR