ANI - Ziad Rahbani, figure emblématique de la scène artistique libanaise, s’est éteint aujourd’hui à l’âge de 69 ans, après un long combat contre la maladie. Né le 1er janvier 1956 à Antélias, dans le Metn au Liban, il était le fils aîné de la grande chanteuse Fairouz (Nohad Haddad) et du compositeur Assi Rahbani, cofondateur de l’école musicale et théâtrale moderne libanaise.
Dès son enfance, Ziad baigne dans l’univers musical familial. Il interrompt souvent ses cours pour suivre les compositions de son père, qui l’encourage à forger dès son plus jeune âge une opinion artistique propre. A seulement 11 ans, il publie son premier recueil intitulé Sadiqi Allah (« Mon ami Dieu »), avec le soutien de son père.
Sa percée artistique survient en 1973 à l’âge de 17 ans, lorsqu’il compose la célèbre chanson Sa’alouni el-Nas pour sa mère Fairouz, alors que son père est hospitalisé. La chanson remporte un succès retentissant.
Il entame ensuite une carrière théâtrale prometteuse, jouant dans Al Mahatta et Mais el Reem avant de créer ses propres oeuvres. Dès 1973, il écrit et met en scène Sahriyé, suivie de Nazl el-Sourour (1974), Bil Nisbeh La Boukra Chou? (1978), Film Amiriki Taweel (1980), et Shi Fashil (1983). Ces pièces marquent un tournant dans le théâtre libanais, mêlant satire sociale, engagement politique et réalisme cru.
Ziad Rahbani est reconnu pour son style unique, combinant jazz, musique orientale et influences classiques. Il compose de nombreux albums comme Abou Ali, Hodou' Nisbi, Bema Enno et Monodose, et collabore avec des artistes tels que Latifa, Sami Hawat et Joseph Sakr.
En plus de la composition, il s’illustre dans l’orchestration d’oeuvres puissantes comme Ahmad el-Zaatar (1977) sur un poème de Mahmoud Darwich, chanté par Khaled El Haber, ou Madiḥ el-Dhil el-‘Ali (1987), également de Darwich, en version orchestrale.
Artiste engagé, Ziad Rahbani utilise sa plume et sa voix pour critiquer les injustices sociales et politiques. Dans les années 1970, il produit des programmes satiriques pour la radio Sawt al-Chaab comme Ba’dna Tayibin... Qoul Allah et Tabi’ L’Chi... Tabi’ Chi, dénonçant les dérives de la guerre civile libanaise. Il affiche ouvertement son appartenance à la gauche, se définissant comme communiste, laïque et partisan d’une démocratie sociale.
Ziad Rahbani apparaît aussi au cinéma, notamment dans The Kite (2003) de Randa Chahal, où il incarne un officier druze de l’armée israélienne. Après la guerre civile, il poursuit ses performances musicales, notamment au festival de Beiteddine en 2010, et donne des concerts dans des bars de Beyrouth, préférant la proximité et l’expérimentation à la scène commerciale.
Ziad Rahbani laisse derrière lui un héritage artistique immense, reflet d’un esprit libre, critique et profondément ancré dans la réalité sociale de son pays. Sa voix, sa musique et son théâtre continueront d'inspirer des générations entières au Liban et dans le monde arabe.